Mobile Money: vecteur d’innovation bancaire en Afrique 📱

15 avril 2021

En 2020, avec plus de 5,2 milliards d’utilisateurs de mobile dans le monde et les bouleversements multiples qui ont affecté et continuent d’affecter notre quotidien, la mobile money et le paiement par téléphone sont devenus des réponses parmi les plus innovantes et convaincantes pour répondre aux nombreux défis sociaux, technologiques, sanitaires et sociétaux de notre époque. 

Le mobile est devenu le canal incontournable pour communiquer, distribuer, s’informer, travailler, se distraire, payer, facturer ses services … En résumé, ce nouvel outil technologique centralise la majorité des aspects de notre vie quotidienne et le phénomène de paiement, retrait et envoi d’argent par téléphone mobile n’est définitivement pas laissé derrière; bien au contraire il connaît une expansion fulgurante notamment dans la plupart des pays africains. Avec un taux de pénétration du mobile de 82%, le continent africain est définitivement devenu le précurseur de la mobile money à mesure qu’il a adopté des pratiques innovantes de paiement par téléphone aux résultats très concluants. Ce phénomène, pionnier de la digitalisation des services financiers, est enclin à devenir l’une des composantes principales du paysage africain des services financiers et plus particulièrement en Afrique subsaharienne qui représente une région très dynamique dans la matière.

Alors que près de 20% de la population africaine possède un compte bancaire et plus de 82% de la population possède un mobile en Afrique, l’équation du paiement par téléphone n’a pas mis longtemps à résoudre pour les opérateurs téléphoniques déjà bien en place et qui ont su détecter un potentiel de croissance énorme. M-Pesa, Orange Money ou MTN, toutes filiales d’opérateurs de téléphonie mobile, sont devenues des acteurs financiers parmi les plus importants du continent africain et ont permis de donner un nouveau souffle aux objectifs d’inclusion financière du continent. Ce segment prometteur a donc rapidement attiré l’attention des institutions financières et bancaires plus traditionnelles du continent qui se sont également lancées dans la grande aventure. La Standard Bank en Afrique du Sud a opté pour un réseau d’agents composé de différentes catégories d’entreprises (petits commerces, agences bancaires, comptoirs de paiement de factures …) qui proposent des services en mobile money. La TMB en RDC a lancé en 2015 Pepele Mobile, une offre de paiement mobile innovante conçue pour faciliter tous les services financiers (transferts, retraits / dépôts, paiements marchands, acquittement de factures et gestion de compte). Plus récemment, en mai 2021, la BMCI a lancé sa banque mobile digitale Masrvi en Mauritanie afin de répondre à des besoins de bancarisation, de disponibilité et de proximité pour la population; ces même objectifs sont prônés par Interbank au Burundi qui a lancé au même moment sa banque digitale IBB M+. La pluralité d’acteurs en prolifération démontre du dynamisme et de la demande croissante dans ce secteur, caractéristiques d’autant plus révélées par l’implantation de notre solution de Core Banking Platform dans plus de la moitié des pays africains. Ainsi, les géants du web s’empressent également de s’en emparer à l’image de WhatsApp, propriété de Facebook, qui lance WhatsApp Banking et tente de se différencier en exploitant son avantage concurrentiel qu’est le canal familier que représente les SMS. WhatsApp banking promet une nouvelle interaction avec sa banque en poussant la voie aux messages vocaux et vidéos dans des régions du monde où le taux d’alphabétisation reste des problèmes majeurs.

La révolution du paiement par téléphone portée par des objectifs d’inclusion financière et de croissance économique participe largement au désenclavement des pays africains sur le terrain des services financiers, mais davantage encore à la démarginalisation des populations. En effet, les plus marginaux qui ne possèdent pas de comptes bancaires optent plus facilement pour une gestion financière complètement digitale grâce à un compte de mobile money. En plus d’être une solution qui allie simplicité, accessibilité et faibles coûts, la mobile money s'accommode aisément tant au mode traditionnel qui a adopté le téléphone depuis le début du XXIème siècle comme aux bouleversements structurels et conjoncturels auxquels les populations doivent faire face en promouvant la connectivité, la sécurité, la rapidité et l’efficacité. Cette nouvelle pratique quotidienne semble surmonter toutes les difficultés qui se sont déjà présentées. 

Comme la technologie mobile est au cœur du voyage numérique de l’Afrique, les nouvelles plateformes des services mobiles entraînent des bouleversements de plus en plus significatifs dans les chaînes de valeur traditionnelles dans différents secteurs. Elles encouragent le développement de nouveaux écosystèmes d’entreprises technologiques à croissance rapide afin de gommer les inefficacités des modèles commerciaux classiques, d’étendre la portée des services et d’offrir un plus grand choix à la clientèle. Cette industrie revêt les avantages d’être très soudée, d’évoluer rapidement, d’être en amélioration continue et de contribuer à l’émergence d’économies et de communautés plus robustes et financièrement liées. On peut voir dans les réponses financières de la crise du covid-19 les prémices de la formation de ces écosystèmes très prometteurs. En effet, la masse importante de fonds humanitaires alloués aux pays en difficulté a fait bondir la valeur des paiements G2P qui ont quadruplé sur un lapse de temps très court. Ces flux importants ont pu être gérés grâce à l’industrie du paiement mobile qui a travaillé main dans la main avec les gouvernements et les ONGs pour permettre l’allocation de ces fonds sociaux et humanitaires aux populations dans le besoin. Néanmoins, une certaine barrière technologique est toujours présente dans un certain nombre de pays africain et représente le défi le plus pressant. Le spectre radioélectrique est sans doute le catalyseur le plus important de la mobile money mais représente une ressource limitée. Pour tirer le meilleur parti de la mobile money, il est nécessaire d’attirer des investissements pour le développement des infrastructures en réseau et permettre des ressources en fréquence suffisante pour développer des écosystèmes durables.

L’Afrique, laboratoire du paiement par téléphone, a donné le ton pour le reste du monde. Avec plus de 2 milliards de dollars échangés en mobile money par jour dans le monde, ce phénomène s’est complètement immiscé dans notre quotidien et est le catalyseur des changements dans nos habitudes de consommation. En 2020, on a vu une augmentation de 43% de transactions mobiles chez un marchand, ce qui témoigne du développement rapide de nouveaux écosystèmes centrés sur nos téléphones mobiles. Le développement de l’interopérabilité entre les acteurs de la mobile money et les banques plus traditionnelles agit également dans ce sens grâce au développement de relations complémentaires encouragé et activé par l’Open Banking. Ce secteur est l’objet de nombreuses attentions qui incitent à l’ouverture et l’extensibilité. Ainsi, au cours de l’année 2020 et avec tous les challenges qu’elle a apportés, plus de flexibilité au niveau du KYC a été accordée aux acteurs de la place et les exigences à l'ouverture de comptes téléphoniques ont été assouplies. Néanmoins, la sensibilité des flux qui traversent le secteur entraîne des réglementations nécessaires, mais disparates au niveau international ce qui peut représenter un frein à cette industrie en explosion. Cependant, des tendances globales sont perceptibles - telles que l’augmentation généralisée des plafonds de paiement par téléphone - et ne peuvent que réjouir les acteurs de ce milieu qui travaillent sur nos habitudes de demain.

En résumé : 

Le continent africain connaît depuis la fin des années 2000 une véritable révolution de son paysage financier. La mise en place de systèmes de paiement par téléphone mobile a eu pour conséquence que des centaines de millions d’Africains auparavant coupés de tous services financiers sont à présent capable de réaliser des paiements électroniques instantanés à bas coût. Le continent est une réelle place dynamique dans ce secteur avec plus de 43% des nouvelles souscriptions de paiements par téléphone et plus de 550 millions de comptes enregistrés avec approximativement 150 millions de comptes actifs sur une base mensuelle. Il donne le rythme au reste du monde pour offrir de nouvelles possibilités dans le domaine des services financiers au cœur d’une révolution structurante, encouragée par l’Open Banking, qui met au centre la construction d’écosystèmes connectés qui permettront l’accès à des services divers de manière instantanée, sécurisée et personnalisée.

  • #innovation

  • #mobilemoney

  • #corebanking

  • #paiement

Abonnez-vous Ă  notre Newsletter

Cette newsletter explore les tendances technologiques, les nouvelles de la fintech et les dernières actualitĂ©s de Skaleet.Â